Coup de tête, un film de Jean-Jacques Annaud

25 février 2016

Coup de tête, un film de Jean-Jacques Annaud

Continuons notre incursion dans "le côté obscur" du sport...

Le film Coup de tête a été réalisé par Jean-Jacques Annaud et est sorti en 1979. Il dénonce plusieurs comportements de la société par rapport au sport et plus particulièrement par rapport au football.

Résumé

François Perrin évolue au club de foot de la ville de Trincamp, qui vit au rythme des résultats de l'équipe. Pendant un entraînement, il fait tomber la "star" du club, Berthier, qui simule alors une douleur imaginaire. François est aussitôt exclu du club et licencié de l'usine de la ville. Il est ensuite accusé d'un viol sur une jeune femme, viol qui a en fait été réalisé par Berthier. Alors qu'il est en prison, le club de Trincamp part disputer un match de Coupe de France mais le bus est victime d'un accident sur la route. Certains joueurs doivent déclarer forfait. Trincamp se retrouve donc obligé de rappeler François dans l'équipe. Ce dernier inscrit deux buts lors du match, offre la victoire aux siens et devient un héros pour tous les habitants de la ville. Il est fêté pendant toute la nuit, et décide alors de se venger. Lors d'un dîner, il prévient plusieurs personnalités de Trincamp ayant contribué à sa mise à l'écart (et sa mise en peison !!!) qu'il va leur causer beaucoup de tort. Il annonce ainsi à Brochard, marchand de voiture, qu'il ira détruire sa concession, à Lozerand, marchand de meubles, qu'il viendra brûler tous ses meubles, et à Berri, gérant d'un café, qu'il ira briser la vitrine de son bar. Mais le lendemain, il ne fait que passer devant la concession automobile, le magasin de meubles et le café. Brochard a ainsi fabriqué une barrière de voitures pour rien, Lozerand casse son rideau de fer en le voyant arriver, et Berri a commandé inutilement une nouvelle vitrine. Quant à Sivardière, président du club et de l'usine, François enlève sa femme sous ses yeux, lui fait croire qu'il va la violer, puis, une fois suffisamment éloigné de la maison, la laisse simplement rentrer à pied.

Analyse

Le spectateur se prend rapidement d'affection pour François Perrin, un personnage attachant et drôle. Au contraire, Sivardière, Berthier et tous les habitants de la ville incarnent plusieurs vices de notre société. Tout d'abord, sous prétexte que Berthier est la star de l'équipe, celui-ci peut tout se permettre et celui qui le touche est aussitôt élevé au rang d'ennemi public numéro un - François Perrin l'apprend à ses dépens. Berthier viole une jeune femme, mais comme il ne doit pas aller en prison pour le bien du club, les policiers en rendent François responsable.

Ensuite, la ville n'est pas au courant de cette machination et pense donc que François est coupable. Pourtant, lorsque François offre la victoire à Trincamp, les habitants le félicitent et l'érigent en héros. Il a beau être un violeur - du moins, c'est ce que la ville croit - il a marqué deux buts donc on oublie tout.

Enfin, à la mi-temps du match, plusieurs habitants viennent dans les vestiaires. Ils promettent d'offrir telle ou telle chose au joueur qui marquerait le but de la victoire. Ils sont prêts à donner n'importe quoi pour que Trincamp gagne, le succès passe avant tout.

Coup de tête dénonce donc le fait que la victoire soit si importante. La morale devient complètement secondaire, les héros sont ceux qui font réussir l'équipe de laur ville, quelle que soit la manière dont ils y parviennent et quoi qu'ils aient fait. Dirigeants et supporters peuvent oublier tout, sens morale et éthique, pour parvenir à la victoire. Cela nous renvoie à l'omniprésence de la société de consommation, la volonté de gagner à tout prix.

Patrick Dewaere, en anti-héros sympathique et drôle quoiqu'un un peu médiocre, mais fondamentalement gentil, sert admirablement bien ce film qui montre avec légèreté cette triste réalité. La preuve en images :

Départ avec classe et panache de Patrick Dewaere, Coup de tête