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Sport et société
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22 février 2016

Les derniers défenseurs du football populaire

Alors que le football devient de plus en plus une affaire de business*, entre contrats, sponsors* et millions d'euros, certains groupes et associations continuent de lutter en faveur d'un Football Populaire*. Partons à la découverte de ces militants qui refusent de se laisser engloutir par l'argent. 

Les principales organisations à l'origine du mouvement sont les groupes de supporters dits "Ultras". Ils sont facilement reconnaissables puisque, dans les tribunes, ce sont eux qui chantent, allument des fumigènes, brandissent des drapeaux et déploient des banderoles. Les groupes dits "Ultras" possèdent chacun un nom et un symbole. Ce sont eux qui organisent les déplacements pour aller supporter leur équipe lorsqu'elle joue à l'extérieur. Les ultras se veulent financièrement indépendants du club qu'ils supportent. Leur soutien se traduit par des tifos - grandes animations visuelles réalisées généralement juste avant le coup d'envoi - par des chants - les supporters frappent dans leurs mains et agitent leurs écharpes - et par l'utilisation d'engins pyrotechniques. Les Ultras restent debout pendant toute la rencontre, occupent toujours le même emplacement dans le stade lorsque le match se déroule à domicile - emplacement souvent marqué par la présence de bâches indiquant leur nom et leur emblème - et sont menés par un "capo", homme placé face à eux et dos au terrain qui dirige les chants et animations.

Tifo BvB Tifo réalisé en 2013 par les fans du Borussia Dortmund, en Allemagne.

Tifo OM Tifo réalisé en 2015 par les supporters de l'Olympique de Marseille.

Les groupes Ultras sont très présents en France. Marseille possède ainsi les South Winners, les Yankee Nord ou encore le Commando Ultra, Saint-Étienne a les Magic Fans et les Green Angels, Bordeaux a ses Ultramarines tandis que Nantes possède sa Brigade Loire. Tous ces groupes s'opposent aujourd'hui fermement au Foot Business*. En effet, l'industrie du ballon rond brasse des millions d'euros chaque jour et les transferts de joueurs ou contrats de sponsors* atteignent des sommes de plus en plus folles. Les médias n'y sont pas étrangers, eux qui diffusent toujours plus d'images et s'arrachent les droits télé des différentes compétitions. Les Ultras veulent changer cela. Ils ne sont pas d'accord avec cette politique, qui nous mène tout droit vers un stade avec des supporters assis et silencieux. Le football doit rester un spectacle. Les groupes tentent donc de résister, notamment en dénonçant le Foot Business au moyen de banderoles. Outre leur caractère revendicatif, en mariant couleurs, slogans et musique, ces banderoles esthétisent le sport et font de chaque rencontre une fête jubilatoire qui permet aux habitants des villes auxquelles appartiennent ces clubs, de se retrouver dans une identité commune et autour de valeurs* fortes qui s'épanouissent dans des symboles portés par des mascottes. Comme la tragédie à l'époque antique, le match de football devient ce lieu de culture commune où les Ultras communient dans la même émotion. 

Banderole Lens Les supporters du Racing Club de Lens protestent contre le foot business.

Mais loin de changer les choses, cette résistance a amené la répression. Désormais, les instances du football et les forces de l'ordre voient les Ultras comme des ennemis. Les interdictions de déplacement se multiplient - les supporters sont parfois interdits d'aller supporter leur équipe à l'extérieur - et les fumigènes sont maintenant prohibés. Les affrontements entre policiers et supporters deviennent fréquents. Les fans du Paris Saint-Germain sont un exemple parfait de cette répression. En 2010, alors que le club de la capitale, emmené notamment par le groupe Supras Auteuil, possède l'une des meilleures ambiances de France, le président Robin Leproux instaure un plan de sécurité et dissout les groupes Ultras parisiens. Ce plan porte atteinte aux libertés les plus fondamentales de l'homme : les supporters parisiens sont fichés sur une liste noire sans même le savoir, en plus d'être surveillés et censurés. Le PSG est ensuite racheté par le Qatar, qui marque l'arrivée du foot business en France, et depuis, le stade parisien est silencieux, tout le monde est assis et plus personne ne chante. 

Tifo PSG Voici ce à quoi l'on pouvait assister au Parc des Princes avant la répression.

À l'occasion du match Saint-Etienne - Paris, il y a quelques semaines, en janvier 2016, les supporters stéphanois ont décidé d'apporter leur soutien aux ultras parisiens déchus, en dénonçant via des banderoles la répression et la politique menées par le PSG. 

Banderole ASSE "Argent sale accepté, libertés bafouées, classes populaires écartées, bienvenue au PSG"

Banderole ASSE (2) "Le temps d'un match pour leur montrer que notre passion est plus forte que leur répression"

En outre, certains Ultras stéphanois ont créé une association nommée "Lutte pour un Football Populaire". Fondée en septembre 2013, cette association a pour but de résister à la répression en défendant les droits des supporters et leurs libertés. Par exemple, lorsqu'un arrêté préfectoral interdisant un déplacement est publié, "Lutte pour un Football Populaire" proteste devant la justice, pose un recours et tente de faire annuler la décision. Mais c'est bien souvent peine perdue, car les arrêtés sont généralement officiellement publiés la veille de la rencontre.

Enfin, il existe un site nommé "Foot Populaire" - à l'adresse footpopulaire.wordpress.com - qui se fait porte-parole de la lutte contre le Foot Business. Le rédacteur, bien qu'inactif depuis début 2014, a écrit des articles sur des combats menés par certains supporters partout en Europe. Son but était d'expliquer ces combats et de rallier certains lecteurs à la cause du foot populaire. 

Toutes ces personnes engagées contre le Football Business incarnent de belles valeurs morales. En effet, en refusant de se laisser consumer par l'argent brassé par le monde du ballon rond, les Ultras et autres groupes indépendants font preuve de courage. Ils n'hésitent pas à clamer et à défendre leurs opinions malgré la répression. En outre, nous pouvons être sûrs qu'ils continueront leur combat éternellement s'il le faut. Le football est avant tout un spectacle, et l'ambiance du stade fait partie de ce spectacle. L'enthousiasme des Ultras et leur créativité sans limite marquent bien l'héroïsation de ces joueurs de football qui les font rêver. Les chants, les couleurs, les drapeaux, les chorégraphies sacralisent l'instant footbalistique et ne sont pas sans rappeler les bannières jadis brandies par les chevaliers pour ranger les vassaux convoqués pour le combat, les étendarts déployés par les soldats désireux de défendre leur roi ou encore les chants de guerre, destinés à encourager ses proches. Un match sans tifo ni supporters debouts prêts à se casser la voix en tribunes n'est pas un vrai match. En résistant au Football Business, les ultras l'ont bien compris. Ils sont un modèle de détermination. 

Antoine G.

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Commentaires
P
J’imagine que les Ultras feront le déplacement pour la finale (PSG – OM) de la Coupe de France. L’Olympique de Marseille passe par une période difficile et les joueurs auront certainement besoin de leur soutien.
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